En 2023, sur les 3,25 milliards de pièces mises en marché sur le marché français, plus d’un milliard sont des produits de lingerie. Matériaux complexes, perturbateurs au recyclage, freins liés à l’hygiène sont autant de défis à relever pour prolonger la durée de vie de ces pièces et limiter leur impact environnemental. Pourtant, des solutions existent pour rendre cette filière plus vertueuse, à travers la réparation, le réemploi et le recyclage.
C’est dans cette dynamique que Refashion a lancé en 2024 le Collectif Lingerie, une initiative dédiée à accompagner les acteurs du secteur vers des pratiques durables et innovantes, afin de repenser l’avenir de la lingerie sous le prisme de l’économie circulaire.
Le Collectif Lingerie : un large éventail d’acteurs
Le Collectif Lingerie est le fruit d’une année de réflexions menées par un groupe de travail réunissant 11 marques de lingerie (Le Groupe Etam, Wolf Lingerie, Kiabi, DIM, Ysé Paris, Simone Pérèle, Le Groupe Chantelle, Auchan, Le Groupe Eminence, RougeGorge et Princesse Tam Tam) , enrichi par la contribution de deux experts de la filière, la Fédération de la Maille, de la Lingerie et du Balnéaire et l'IFTH (Institut Français Textile-Habillement).
Afin d’appuyer les réflexions, 11 acteurs spécialisés dans la réparation textile et 13 acteurs de la chaîne aval (opérateurs de tri et de recyclage) ont été interrogés permettant de mieux identifier les opportunités à saisir et les freins à dépasser.
Comprendre les besoins et les attentes de consommateurs
Les marques du Collectif Lingerie ont mené une enquête auprès de leurs clients afin de mieux cerner leurs attentes et les obstacles liés à la réparation. Cette étude a également permis d’analyser les raisons de fin de vie des articles de lingerie, les habitudes en matière de collecte et la perception des matières recyclées de ce panel. Avec plus de 18 250 répondants, cette enquête a révélé des tendances clés, offrant un éclairage précieux pour structurer des solutions adaptées.
Les Grands Enseignements
Réparer pour faire durer :
Longtemps perçue comme trop complexe pour être réparée, la lingerie prouve aujourd’hui qu’elle peut, elle aussi, s’inscrire dans une logique de réparabilité. Mais comment structurer un véritable marché de la réparation, lever les freins et répondre aux attentes des consommateurs ?
Pour apporter des réponses concrètes, le Collectif Lingerie a mené un travail d’enquête approfondi : analyse des défaillances les plus courantes, consultation d’experts en réparation et étude des attentes clients. Résultat ? Les obstacles identifiés – complexité technique, questions d’hygiène ou encore coût perçu comme dissuasif – sont loin d’être insurmontables.
Bonne nouvelle : la lingerie est réparable ! Et en plus, depuis avril 2025, elle pourra bénéficie du Bonus Réparation. Une avancée majeure qui ouvre la voie à une nouvelle ère pour le secteur, où l’allongement de la durée de vie des produits devient un véritable levier d’engagement pour les marques et les consommateurs.
Réemployer et recycler :
Quelles solutions pour valoriser les articles en fin de vie et surmonter les défis de la seconde main et du recyclage ?
Trop souvent, nos sous-vêtements usés ou inutilisés finissent à la poubelle, écartés des circuits de valorisation par méconnaissance des solutions existantes ou par des freins liés à l’intimité de ces produits. Pourtant, la lingerie a un véritable potentiel de réemploi et de recyclage !
Le Collectif Lingerie a mené une analyse pour cartographier les gisements de lingerie en fin de vie et identifier les défis à surmonter : faible taux de collecte, diversité des matériaux et présence de perturbateurs au recyclage. En mobilisant les acteurs du secteur et en sondant les clients, des leviers ont été mis en lumière pour donner une seconde vie à ces produits.
Des conclusions favorables
En effet, la réparation de lingerie se révèle être un levier essentiel pour prolonger la durée d'usage des produits et ancrer durablement ce geste dans les habitudes des consommateurs. Elle s'inscrit pleinement dans une démarche d'économie circulaire, réduisant l'impact environnemental de la filière et offrant une alternative plus responsable. Côté recyclage et malgré un niveau de collecte largement insuffisant, les gisements de lingerie se distinguent par leur qualité matière, ce qui les rend particulièrement attractifs. Ces caractéristiques suscitent l’intérêt des collecteurs et trieurs, qui les perçoivent comme un véritable « gisement de crème ».
Et les next steps, c’est quoi ?
Le nouveau cahier des charges de l’éco-organisme fixe des ambitions majeures pour accélérer la transition vers une mode plus circulaire. D’ici 2028, l’objectif est de doubler le taux de collecte, en passant de 30 % à 60 % des produits mis sur le marché en France, et d’atteindre 80 % de recyclage des textiles, linges de maison et chaussures non réutilisables d’ici 2027. Un défi encore plus ambitieux concerne les articles contenant des matières plastiques synthétiques, avec un objectif de 90 % de recyclage.
Développer la collecte : un levier clé
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Déployer de nouvelles bornes de collecte, essentielles pour capter un maximum de gisements et ainsi alimenter l’offre de réemploi et la filière du recyclage.
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Expérimenter et collaborer tout au long de la chaîne de valeur : participez aux appels à projets et explorez la plateforme Recycle.
Structurer et dynamiser la réparation : allonger la durée de vie des articles
En cohérence avec ces ambitions, la filière vise à augmenter de 35 % les actes de réparation d’ici 2028. Pour y parvenir, plusieurs actions concrètes sont déployées, notamment grâce au Fonds Réparation :
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L’ouverture du Bonus Réparation aux articles de lingerie dès 2025, un véritable coup d’accélérateur pour développer ce service.
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Structurer une filière de la réparation entre les marques et les réparateurs pour un marché viable et dynamique.
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Quel potentiel pour la fin de vie des articles de lingerie ? Etat des lieux et perspectives du réemploi et du recyclage
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